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Avec l'hilarant et très bien ficelé Duck Detective : The Secret Salami (2024), le petit studio allemand Happy Broccoli Games (quatre salarié·es) a acquis une renommée internationale. Son savoir-faire a été confirmé cette année par la suite des aventures du détective canard Eugene McQuacklin, Duck Detective : The Ghost of Glamping (2025).

Le studio est fondé en 2019 par l'illustratice Annika Maar, qui se fait la main sur le moteur Game Maker afin de mettre un pied dans le milieu du jeu vidéo. ("On ne peut pas clamer 'J'ai une super idée pour un jeu, rejoins-moi !', il faut montrer son travail pour convaincre les gens qu'on est sérieux", nous dit-elle).

Afin de commencer à se créer un réseau, elle séjourne à l'espace suédois pour développeur·euses Spelkollektivet et y rencontre le programmeur Joni Levinkind. À eux deux, ils terminent un projet commencé par Annika Maar : le jeu d'aventure lycéen Kraken Academy (2021).
Kraken Academy (2021), premier jeu du studio

Que s'est-il passé après la sortie de Kraken Academy ?

Annika Maar : le jeu a bien marché, dans le sens où il a généré de quoi rembourser le développement. Mais il ne rapportait pas assez d'argent pour couvrir nos frais de fonctionnement. Afin de commencer à travailler sur un autre projet, il fallait qu'on trouve un financement.

À l'époque, pendant le Covid, il y avait cette bulle où les gens voulaient investir dans des gros projets. On a joué le jeu en s'attelant à un projet appelé Odyssey Island : un action-RPG de pirates. C'était une longue aventure épique en pixel art, avec des décors en 3D. Un projet très cool, mais beaucoup trop gros pour nous.

Ensuite le vent a tourné, l'argent s'est fait plus rare dans l'industrie et au final on n'a même pas réussi à avoir un investissement. À la Gamescom, on était bien partis avec un éditeur qu'on aimait beaucoup, mais l'un de leurs projets a fait un four et ils n'avaient plus de quoi nous financer.

Là, on s'est dit qu'il fallait annuler le jeu et changer notre fusil d'épaule. Je ne voulais pas trop au début, mais Joni [Levinkind] a fini par me convaincre et dans le train de retour de la Gamescom, on a eu l'idée de Duck Detective.

Directement dans le train de retour ?

Oui. Franchement, s'asseoir dans un train, c'est le meilleur moyen de trouver des idées !

« Joni s'est immédiatement écrié qu'il fallait que ce soit un canard détective »

Alors, comment s'est déroulé ce brainstorm ?

On aime bien commencer par trouver un titre et un personnage principal pour nos jeux. Je me souviens qu'on s'est dit qu'un animal détective privé, ça serait sympa. Et Joni, qui adore les canards, s'est immédiatement écrié qu'il fallait que ce soit un canard détective !

J'ai fait quelques croquis parce que ma réflexion passe beaucoup par le visuel, pour que je sache de quoi le personnage a l'air. Au début, il ressemblait beaucoup à un genre de Sherlock Holmes, j'ai fait plusieurs essais... et c'était toujours assez mièvre, alors que je savais qu'il ne fallait pas que ça ressemble trop à un jeu pour enfants, parce que ça ne marcherait pas du tout et que ce n'était pas l'atmosphère qu'on voulait.